La Grande Alose

Cousine éloignée de la Sardine, la Grande alose est une autre espèce migratrice remarquable de notre bassin. Très rapide et agile, elle est cependant fragile et possède une capacité de franchissement des ouvrages faible par rapport aux autres migrateurs. Egalement prisée économiquement et pour le loisir, cette espèce a subi les effets de la surpêche, de la perte d’habitats et du changement climatique notamment. Elle est aujourd’hui en danger critique d’extinction, le dernier statut avant disparition totale.

 

Répartition

Originellement présente du Maroc à la Suède, l’aire de répartition de l’espèce s’est depuis fortement réduite. Elle ne fréquente aujourd'hui les cours d’eau de manière significative qu’en France et au Portugal.

Sur le bassin Seine-Normandie, la Grande alose est présente sur les plus grands fleuves ; la Vire, l’Orne et la Seine. La plus grande population est dénombrée à l’observatoire des Claies de Vire, ces géniteurs ne coloniseront que le cours moyen du fleuve. L’Orne a vu apparaître ses premiers individus au milieu des années 1990, avec une colonisation progressive du bassin. Sur l’axe Seine, plusieurs centaines d’individus sont comptabilisés annuellement en fond d’estuaire, avec une année record en 2019 à 2896 individus à Amfreville-sous-les-Monts. La colonisation du bassin Seine reste cependant mal connue. Des cas de reproductions naturelles ont été observées à 400 et 500 kilomètres de la mer respectivement sur la Marne et la Seine dans le département de la Seine-et-Marne. Depuis sa mise en fonction en 2017, la station de contrôle des migrations de Choisy-au-Bac, compte des Aloses qui s’engagent sur l’Aisne à plus de 450 km de la mer. La nouvelle station de comptage de Pontoise sur l'Oise a également observé des passages d'aloses depuis sa mise en route en 2023.

Cycle de vie

Premiers stades de vie

Le séjour fluvial des alosons est court en comparaison des autres espèces amphihalines. Après éclosion, ces juvéniles se rassemblent en bancs pour atteindre la mer en seulement quelques mois. Le comportement grégaire des alosons se maintiendra tout au long de leur vie. Ils sont euryphages et utilisent toutes les ressources trophiques de dimensions adaptées, disponibles dans le milieu.

La Maturation/montaison (mars-juillet)

La Grande alose reste sur le plateau continental marin sur des fonds de 70 à 300 mètres. Les individus se déplacent en bancs et se nourrissent surtout de zooplancton, les plus gros individus pouvant être piscivores.

A l’issue d’une phase de croissance marine de 3 à 7 ans, les géniteurs remontent en rivière dès lors que la température des fleuves dépasse celle de la mer et se poursuit tant que celle-ci reste entre 10 et 15°C. Les adultes remontent en général dans les fleuves où ils sont nés, pour venir se reproduire dans les cours moyens et amonts (jusqu’à plus de 650 km de la mer).

La Reproduction (mai-août)

Les aloses fraient sur des zones au substrat grossier délimitées en aval par un profond, dès les parties moyennes des cours d’eau. La reproduction est nocturne et caractérisée par un rituel singulier, un mouvement circulaire du couple de géniteurs et l’émission de bruits particuliers, constituant ainsi le phénomène de « bull ». Les œufs, de très petite taille, tombent alors entre les interstices du substrat. La quasi-totalité des géniteurs ne survivent pas au frai.

Liste rouge

La Grande alose est présente dans la liste rouge de l’UICN et est considérée comme sujette à « Préoccupation mineure » au niveau mondial et  « En danger critique d'extinction » en France.

 

Protection internationale

Convention de Berne : Annexe III

Protection communautaire

Directive Habitat Faune Flore Natura 2000 : Annexe II et V, 73 sites Natura 2000

Protection nationale

Arrêté ministériel de biotopes du 08/12/1988 : Liste des espèces de poissons protégées, article 1 : mise en, réserve de naturelle et protection de l’habitat

Programmes et plans de gestion

Plan de gestion des poissons migrateurs du bassin Seine-Normandie (PLAGEPOMI)