Lamproie fluviatile

La lamproie fluviatile, comme la forme marine, appartient groupe de vertébrés primitifs des Agnathes dépourvus de mâchoire. De taille plus modeste elle se comporte également comme un ectoparasite pour son alimentation lors de sa phase marine. Faisant aussi preuve d’anadromie, leur croissance est marine et leur reproduction fluviale.

Description de l’espèce

Lamproie fluviatile adulte

Le corps anguilliforme de la lamproie fluviatile est recouvert d’une peau lisse, teintée de nuances de bleu à brun-vert sur le dos et bronzée sur les flancs. Elle ne possède donc pas de mâchoire mais un disque buccal garni de dents adapté à la succion des poissons parasités. En arrière des yeux, se retrouvent les sept pores branchiaux qui assurent la respiration.

A leur retour de mer les adultes de Lampetra fluviatilis atteignent des tailles qui  varient autour de 25 à 35 cm.

Répartition

La répartition de l’espèce s’étend du Tage au Portugal, jusqu’au sud de la Scandinavie et le bassin de la Baltique, en passant par les îles britanniques. Sa présence dans les cours d’eau méditerranéen français où elle était présente originellement reste aujourd’hui encore à confirmer.

Des formes lacustres existent dans les lacs Ladoga et Onega en Russie, ainsi que dans quelques lacs finlandais et écossais.

Sur le bassin Seine-Normandie, la lamproie fluviatile a été observée en reproduction sur de nombreux cours d’eau côtiers de l’arc normand, ainsi qu’au droit des stations de contrôle des migrations en fonctionnement sur le bassin. Les individus observés semblent toutefois confinés aux linéaires accessibles à l’aval des cours d’eau favorables à l’espèce en raison de ses capacités de franchissement des obstacles plus limitées que la forme marine. Lorsque les individus peuvent être dénombrés, par vidéo-comptage en montaison ou sur leurs frayères, les effectifs restent à priori faibles. Toutefois la turbidité des cours d’eau en crue à la fin de l’hiver lorsque l’espèce remonte se reproduire, rend la distinction des individus en montaison ainsi que des nids, de petites tailles et discrets, particulièrement difficile. Si des individus sont observés sur la Vire, l’Orne, la Sâane, la Béthune, la Bresle, c’est sur la Seine et quelques-uns de ses affluents estuariens (Risle-Corbie, Rançon-Fontenelle) que la population semble la plus importe avec plusieurs centaines de géniteurs dénombrés à la sortie de l’estuaire du fleuve.

L’Ammocète (août-septembre)

Les larves émergent des frayères quelques semaines après le frai et gagnent les « lits » d’ammocètes après 5 jours sur ces zones abritées où sédimentent sables et limons ainsi que végétation en décomposition. Elles y restent enfouies 3 à 6 ans.

La Métamorphose (juillet-octobre)

La métamorphose est déclenchée par une élévation de température vers la fin de l’été et s’opère à une taille comprise entre 90 et 150 mm lorsque les réserves lipidiques sont suffisantes (juillet-octobre). Les juvéniles sont argentés, bleuâtres à l’extrémité caudale non pigmentée, et dévalent la rivière la nuit surtout entre mars et juin. Les modifications morphologiques, anatomiques et physiologiques (osmorégulation), vont préparer les lamproies à la vie marine et parasite. Leur croissance en zone côtière dure 2,5 à 3 ans en parasitant des poissons.

La Maturation/montaison (octobre-mars)

A la fin de l’hiver, cette espèce anadrome, quitte les eaux côtières après une croissance marine de 2 ans et remonte (la nuit) dans les rivières. Cette phase de montaison répond principalement aux évolutions de la température de l’eau et du débit des fleuves favorisant la fréquentation de certains cours d’eau plutôt que d’autres. Toutefois si la notion de homing ne semble pas admise, les adultes suivent les concentrations de phéromones émises par les ammocètes en croissance. L’attractivité du cours d’eau est alors dépendante de la densité de ces larves.

La Reproduction (avril-mai)

La reproduction a lieu de mars à mai à des températures de 10 à 14°C sur des zones semblables à celles utilisées par la lamproie marine. Le nid, plus petit (40cm), n’est élaboré qu’avec des graviers et du sable. Les mâles ont une papille urogénitale saillante ; les femelles deux bourrelets, l’un post-cloacal, l’autre entre les deux dorsales et une pseudo-nageoire anale. De la même manière que la lamproie marine, lors de l’accouplement la femelle se fixe à une pierre sur le bord amont du lit, rejointe par le mâle qui se ventouse sur sa tête. Ce dernier s’enroule autour du corps de la femelle pour lui masser les flancs et encourager l’expulsion des ovocytes, qu’il féconde. Les œufs se fixent alors sous les pierres du nid. La fécondité relative est élevée (375-405 103 ovules/kg). Les géniteurs meurent après la reproduction.

Liste rouge

La lamproie fluviatile est présente dans la liste rouge de l’UICN et est considérée comme sujette à « Préoccupation mineure » au niveau mondial et comme « Vulnérable » en France.

EX : Eteint dans la nature  -  RE : Disparu de France métropolitaine  -  CR : En danger critique d’extinction  -  EN : En danger  -  VU : Vulnérable  -  NT : Quasi-menacé  -  LC : Préoccupation mineure  -  DD : Données insuffisantes   -  NA : Non applicable (Taxon introduit, en limite d’aire…)

Protection internationale

  • Convention de Berne : Annexe III

Protection communautaire

  • Directive Habitat Faune Flore Natura 2000 : Annexe II et V, 51 sites Natura 2000

Protection nationale

  • Arrêté ministériel de biotopes du 08/12/1988 : Liste des espèces de poissons protégées, article 1 : mise en, réserve de naturelle et protection de l’habitat

Programmes et plans de gestion

  • Plan de gestion des poissons migrateurs du bassin Seine-Normandie (PLAGEPOMI)

Sur le bassin Seine-Normandie, la pêche de la lamproie fluviatile est autorisée de manière permanente sur tout le bassin, tant en eau douce que salée. La taille minimale de capture est fixée à 20 cm (Art. R436-62 du Code de l’Environnement).

En revanche, plusieurs d’arrêtés limitent ou interdisent la pêche des poissons migrateurs dans certains secteurs en aval de la LSE.


Textes limitant ou interdisant la pêche des poissons migrateurs en aval de la Limite de Salure des Eaux (LSE) sur le bassin Seine-Normandie