Lamproie marine
L’Ammocète (août-septembre)
L’émergence des larves nouvellement formées sur les frayères, quelques semaines seulement après le frai, marque le début d’une longue phase de grossissement en eau douce, où elles gagnent les lits d’ammocètes, des zones abritées où sédimentent sables et limons, accompagnés idéalement, de végétation en décomposition, dans lesquelles elles s’enfouissent.
Au cours de cette phase de croissance de plusieurs années (5 à 7 ans), les ammocètes ainsi immobilisées sont particulièrement vulnérables et qui plus est sensibles aux polluants qui s’accumulent dans les sédiments où elles se trouvent enfouies.
La Métamorphose (août-octobre)
La métamorphose des ammocètes en subadultes intervient au bénéfice d’une élévation de la température vers la fin de l’été, dès lors que les réserves lipidiques sont suffisantes. Les changements, majoritairement d’ordres morphologiques, anatomiques et physiologiques (osmorégulation), vont préparer les lamproies à la vie marine et parasite. Elles quittent alors les cours d’eau au cours de l’automne ou au printemps suivant.
La Maturation/montaison (février-juin)
La lamproie marine se disperse largement en atlantique nord. Sa répartition en milieu marin est fonction de celles des poissons parasités. Elle s’étend à plus de 300 km des côtes et peut atteindre d'importantes profondeurs.
La température de l’eau et le débit des fleuves sont les principaux paramètres déclenchant la migration en rivière, préférentiellement nocturne, après une période de grossissement en mer de 2 ans.
Le choix du cours d’eau ne semble pas être soumis à un phénomène de homing. Toutefois les lamproies sont attirées par la concentration en ammocètes en place via une phéromone attractive que ces dernières relarguent dans leurs fèces. De cette manière plus un cours d’eau est dense en ammocètes, plus il est attractif vis-à-vis des adultes en migration.
Les géniteurs perdent rapidement leur capacité d’osmorégulation après leur entrée en rivière, sachant que la reproduction marque systématiquement la fin de leur vie et qu’aucun retour en mer n’aura donc lieu.
La Reproduction (mai-juin)
Les zones de frai, recherchées par les lamproies pour leur substrat plus ou moins grossier et au courant régulier, sont souvent à l’aval de seuils naturels ou d’ouvrages.
Les mâles entament la construction du nid en forme de cuvette avant l’arrivée des femelles, les plus gros cailloux sont déplacés à l’aide de leur ventouse.
Les accouplements sont multiples et ritualisés. Le mâle, reconnaissable à son bourrelet dorsal, se fixe sur la tête de la femelle qui est elle-même ventousée à une pierre sur le bord amont du lit. Il s’enroule autour du corps de la femelle pour lui masser les flancs afin d’inciter l’expulsion des œufs, qu’il fécondera, avant que ceux-ci, adhésifs, ne se fixent sous les pierres du nid. Ce comportement se répète sur plusieurs jours avant la mort de tous les géniteurs sans exception.
Liste rouge
La lamproie marine est présente dans la liste rouge de l’UICN et est considérée comme sujette à « Préoccupation mineure » au niveau mondial et comme « En danger » en France.
EX : Eteint dans la nature - RE : Disparu de France métropolitaine - CR : En danger critique d’extinction - EN : En danger - VU : Vulnérable - NT : Quasi-menacé - LC : Préoccupation mineure - DD : Données insuffisantes - NA : Non applicable (Taxon introduit, en limite d’aire…)
Protection internationale
- Convention de Berne : Annexe III
- Convention OSPAR : Annexe V
Protection communautaire
- Directive Habitat Faune Flore Natura 2000 : Annexe II, 93 sites Natura 2000
Protection nationale
- Arrêté ministériel de biotopes du 08/12/1988 : Liste des espèces de poissons protégées, article 1 : mise en, réserve de naturelle et protection de l’habitat
Programmes et plans de gestion
- Plan de gestion des poissons migrateurs du bassin Seine-Normandie (PLAGEPOMI)
Sur le bassin Seine-Normandie, la pêche de la lamproie marine est autorisée de manière permanente sur tout le bassin, tant en eau douce que salée. La taille minimale de capture est fixée à 40 cm (Art. R436-62 du Code de l’Environnement).
En revanche, plusieurs d’arrêtés limitent ou interdisent la pêche des poissons migrateurs dans certains secteurs en aval de la LSE.
Textes limitant ou interdisant la pêche des poissons migrateurs en aval de la Limite de Salure des Eaux (LSE) sur le bassin Seine-Normandie