Saumon atlantique
Les apprentissages vitaux : la prise de territoire
Dès l’émergence, les alevins montrent un comportement territorial, afin d’occuper les meilleurs postes parmi les abris proposés par la granulométrie très grossière des radiers-frayères. Les jeunes saumons ont, de plus, par rapport à la truite, une plus grande capacité à se maintenir au cœur même des courants, grâce notamment à des capacités physiques particulières (plus grandes nageoires pectorales…).
La compétition pour les meilleurs postes conduit à la mise en place d’une mosaïque de territoires. Une hiérarchie s’installe, dans laquelle les plus dominés meurent ou dévalent à la recherche d’emplacements inoccupés.
La dévalaison (mars-mai)
Au printemps de la deuxième ou troisième année en eau douce, le jeune saumon se smoltifie avant de quitter le cours d’eau. Ce phénomène implique des changements morphologiques (forme, livrée), physiologiques (osmorégulation) et comportementaux (arrêt du comportement territorial) afin de se préparer à la vie océanique.
La maturation/montaison (mars-décembre)
En mer le saumon gagne des zones d’engraissement éloignées. Les concentrations les plus importantes ont été identifiées à l’ouest du Groenland, en Mer du Labrador, au voisinage des Îles Féroés, en Mer de Norvège et dans la Mer Baltique.
Les adultes retournent en rivière assurer leur reproduction au terme d’un séjour marin à la durée variable, distinguant ainsi 3 types de saumon : le castillon (ou madeleineau, grilse) (45 à 75 cm) qui revient après seulement 1 hiver de mer, le « saumon de printemps » ( 75 à 90 cm) après 2 hivers de mer, et le « grand saumon de printemps » (plus de 90 cm) après 3 hivers de mer. Les castillons comprennent une majorité de mâles, alors que les femelles dominent chez les saumons de plusieurs hivers de mer. Ces derniers sont donc plus performants pour le stock reproducteur en raison de l’aspect quantitatif de la dépose d’œufs qu’ils représentent. La diminution de la proportion de saumon de printemps dans les stocks naturels représente donc un réel facteur limitant à la survie de l’espèce en particulier sur les derniers grands fleuves français aux populations historiques de grands saumons.
Les géniteurs retournent sur les frayères dont ils sont issus qu’ils retrouvent en partie grâce à leur mémoire olfactive. Ce phénomène, le homing, n’est pas absolu, puisque qu’un taux de divagation non négligeable est observé entre les cours d’eau aux estuaires relativement proches géographiquement, assurant par conséquent, un certain brassage génétique.
Remarque : au regard du nombre de petits cours d’eau côtiers fréquentés par les poissons migrateurs, en l’occurrence le saumon atlantique, sur le bassin Seine Normandie, et la proximité de leurs estuaires, l’arc normand constitue un véritable réservoir biologique vis-à-vis de l’axe Seine.
La reproduction (novembre-janvier)
Le frai a lieu sur les radiers des parties moyennes et amont des cours d’eau, au substrat grossier et non colmaté. Les adultes aménagent, dans les zones les plus courantes et oxygénées, des nids de cailloux et de graviers sous lesquels la ponte est enfouie. Les œufs éclosent après 440 degrés-jours d’incubation. La grande majorité des adultes meurent après la reproduction, seulement 1 à 2 %, nommés « ravalés », survivent et retournent en mer, pour peut-être remonter se reproduire une seconde fois.
Liste rouge
Le saumon atlantique est présent dans la liste rouge de l’UICN et considéré comme sujet à « préoccupation mineure » au niveau mondial et comme « vulnérable » en France.
EX : Eteint dans la nature - RE : Disparu de France métropolitaine - CR : En danger critique d’extinction - EN : En danger - VU : Vulnérable - NT : Quasi-menacé - LC : Préoccupation mineure - DD : Données insuffisantes - NA : Non applicable (Taxon introduit, en limite d’aire…)
Protection internationale
- Convention de Berne : Annexe III (eau douce)
- Convention OSPAR : Annexe V
Protection communautaire
- Directive Habitat Faune Flore Natura 2000 : Annexe II et V (eau douce), 100 sites Natura 2000 en France
Protection nationale
- Arrêté ministériel de biotopes du 08/12/1988 : Liste des espèces de poissons protégées, article 1 : mise en, réserve de naturelle et protection de l’habitat
Programmes et plans de gestion
- Plan de gestion des poissons migrateurs du bassin Seine-Normandie (PLAGEPOMI)
Sur le bassin Seine-Normandie, la pêche du saumon est autorisée sur les cours d’eau classés (Sée-Sélune, Sienne, Saire, Vire, Touques, Arques et Bresle) pour lesquels un Total Autorisé de Capture (TAC) a été défini. Les TAC sont définis rivière par rivière sur la base des potentialités de production des cours d’eau (tableau). On y différencie les castillons (individus de moins de 70 cm - ou de moins 67 cm dans le département de la Manche) des saumons de printemps (individus de plus 70 cm - ou de plus de 67 cm dans le département de la Manche ). La taille minimale de capture est fixée à 50 cm (Art. R436-62 du Code de l’Environnement).
Totaux admissibles de capture pour le saumon atlantique sur les cours d’eau normands
Vous trouverez ci-joint le tableau de déclarations de captures brutes de saumon atlantique (Salmo salar) en 2019 : (Lien) ainsi que les Bilan provisoire des captures réalisées en 2020 (Mise à jour le 2 novembre 2020).
Les périodes d’ouverture pour la pêche du saumon atlantique sont fournis dans le tableau de synthèse suivant :
Période d’ouverture de la pêche du saumon atlantique dans les départements du bassin Seine-Normandie
Plus d'informations sur les réglementations concernant la pêche des salmonidés par département :
-Réglementation pêche dans le Calvados
-Réglementation pêche en Manche
-Réglementation pêche en Seine-Maritime
Par ailleurs, des arrêtés limitent ou interdisent la pêche des poissons migrateurs en aval de la LSE.
Textes limitant ou interdisant la pêche des poissons migrateurs en aval de la Limite de Salure des Eaux (LSE) sur le bassin Seine-Normandie
Les menaces pesant sur le saumon sont multiples et principalement d’origine humaine. Combinés à la surpêche et au braconnage qui surexploitent les populations, les barrages, la chenalisation, la pollution, l’extraction de granulats, les sports aquatiques… court-circuitent les voies de migration, fragmentent et dégradent les habitats. Par ailleurs, le dérèglement climatique aurait une incidence sur la survie en milieu marin (augmentation de la température, baisse des ressources alimentaires).
Le saumon atlantique fait aujourd’hui l’objet d’un plan de sauvegarde spécifique à l’échelle nationale, outil de mise en œuvre des recommandations de l’Organisation de Conservation du Saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN) en matière de protection, de gestion et de mise en l’espèce et de son habitat.