L’Anguille européenne
Colonisation (avril-novembre)
La transformation en civelles à l’approche des estuaires, marque la fin d’une longue traversée des larves leptocéphales à travers l’Océan Atlantique.
Alors qu’une partie des civelles se sédentarisent en zone littorale, la majorité poursuit sa progression vers l’amont des cours d’eau. D’abord portées par les marées, elles entament, une fois l’influence de celles-ci disparue, une migration active. Sous l’effet de la lumière, de la température et du changement de salinité, les civelles se pigmentent rapidement en quelques semaines, devenant ainsi des anguilles jaunes, la reprise de l’alimentation intervenant avant la fin de ce processus.
La phase de colonisation active s’effectue selon les individus durant plusieurs mois pour ceux qui sédentariseront rapidement, à quelques années jusqu’à atteindre une taille qui n’excédera pas 300 mm.
Phase continentale
S’en suit une phase de croissance où la recherche de nourriture est prépondérante. L’anguille est un carnassier opportuniste, la taille et la nature des proies dépendent des ressources alimentaires en présence. Elle devient majoritairement piscivore à partir de 30-35 cm. Pendant cette période qui dure de 3 à 9 ans pour les mâles et 5 à 18 ans pour les femelles, les anguilles sont sédentaires ou nomades en fonction des contextes hydrographiques.
Retour à la mer (août-décembre)
Dès lors que les réserves lipidiques sont suffisantes, l’animal subit une nouvelle métamorphose impliquant des changements morphologiques et physiologiques (osmorégulation) en vue d’une adaptation à la vie marine en profondeur. Les anguilles argentées dévalent les cours d’eau principalement au gré des crues d’automne pour rejoindre l’océan, pour au terme d’un nouveau périple transatlantique assurer leur reproduction en mer des sargasses, dont les modalités sont encore mal connues.
Il semble par ailleurs que les géniteurs ne survivent pas au frai, aucun d’entre eux n’ayant été observé de retour en milieu continental.
• Liste rouge
L’anguille européenne est présente dans la liste rouge de l’UICN et est considérée comme « En danger critique d’extinction » aux niveaux mondial et français.
• Protection internationale
Contention OSPAR : Annexe V
• Programmes et plans de gestion
- Plan de gestion des poissons migrateurs du bassin Seine-Normandie (PLAGEPOMI)
- Plan de gestion Anguille (PGA)
• Réglementation halieutique
La pêche de l’anguille européenne est encore autorisée sur le bassin Seine-Normandie, mais les modalités diffèrent selon le stade de développement de l’espèce. Celles-ci sont résumées dans le tableau suivant :
Modalités relatives à la pêche de l’anguille européenne sur le bassin Seine-Normandie
La pêche de la civelle est soumise depuis 2010 à des quotas fixés par le plan de gestion anguille. Ils sont établis par bassin pour pouvoir respecter la saisonnalité des arrivées des civelles sur les côtes françaises. Les quotas de bassin sont déterminés en tenant compte de l’évolution des niveaux de recrutement en civelles et de façon à atteindre, au niveau national, une réduction de 40 % en 3 ans de la mortalité par pêche, par rapport au taux de mortalité moyen sur des années récentes (2005-2007 par exemple).
Les quotas sont fixés chaque année par arrêté.
Par ailleurs, un certain nombre d’arrêtés limite ou interdit la pêche des poissons migrateurs en aval de la LSE.
Textes limitant ou interdisant la pêche des poissons migrateurs en aval de la Limite de Salure des Eaux (LSE) sur le bassin Seine-Normandie
De plus, en raison d’une contamination des anguilles par les dioxines et PCB, les Préfets des départements du Calvados, de l’Eure et de la Seine-Maritime ont pris un arrêté le 23 janvier 2008 interdisant la pêche des anguilles de plus de 12 cm dans leurs eaux maritimes littorales respectives et dans les eaux fluviales de la Seine, en vue d’une consommation humaine ou animale.